Le parti ennahda est en train de procéder à des consultations pour présenter au chef d’Etat le nom d’un successeur de Jebali
Le ministre tunisien de l'Intérieur, Ali Larayedh, a annoncé jeudi l'arrestation de suspects dans l'assassinat le 6 février de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, qui a plongé le pays dans la tourmente.
"L'enquête a bien progressé au point d'arriver à l'arrestation de suspects", a déclaré à la presse Larayedh, sans préciser le nombre ou l'identité des personnes arrêtées.
Hamadi Jebali refuse d'être reconduit à la tête du gouvernement
Le parti islamiste Ennahda, principale force politique en Tunisie, cherchait jeudi à trouver un successeur au Premier ministre Hamadi Jebali, son numéro deux, qui a refusé d'être reconduit à la tête du gouvernement.
"Ennahda annonce que Hamadi Jebali s'est excusé de ne pouvoir accepter son offre d'être le candidat du parti au poste de chef du gouvernement", a indiqué la formation islamiste dans un communiqué, en continuant de présenter Jebali comme son secrétaire général.
Le parti a expliqué qu'il "est en train de procéder à des consultations en interne et avec ses partenaires pour présenter au président de la République le nom d'un successeur de Jebali avant la fin de la semaine".
Il a tenu à saluer Jebali et l'ensemble de son gouvernement pour "les efforts qu'ils ont fournis dans l'intérêt du pays".
Jebali a annoncé mardi sa démission, après le rejet par son parti de son idée d'un cabinet apolitique faite le 6 février, le jour de l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd qui a exacerbé la crise politique latente depuis des mois dans le pays.
Cette idée a été bien acceptée par une large partie de l'opposition et de
l'opinion publique et par l'un des deux alliés d'Ennahda, Ettakatol, parti laïque du chef de l'Assemblée nationale constituante (ANC) Mustapha Ben Jaafar.
Elle a été en revanche combattue par les durs d'Ennahda et par le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki, autre parti associé au pouvoir, ainsi que des dissidents de ce parti réunis au sein du mouvement Wafa.
"Attiser les tensions"
Le quotidien Le Temps a mis en garde jeudi contre le choix d'un dur d'Ennahda comme Premier ministre, une telle décision "risqu(ant) d'attiser les tensions et d'enfoncer encore le pays dans la crise".
Avec 89 députés à l'Assemblée nationale constituante (ANC), Ennahda peut avoir assez facilement une coalition de 109 élus sur 217 pour faire approuver le cabinet, mais le parti tente de trouver un consensus politique le plus large possible.
Il peut déjà compter sur le CPR qui a affirmé jeudi, par la voix de l'un de ses cadres, Hédi Bel Abbas, être prêt à participer au prochain gouvernement, s'il est formé de personnalités politiques, et à y jouer un "rôle agissant".
Dans l'opposition, le camp favorable à une reconduction de Jebali n'avait cessé de se renforcer, son idée de cabinet d'apolitiques trouvant un écho favorable chez ceux voulant retirer à Ennahda les ministères régaliens, notamment celui de l'Intérieur, dans la perspective des prochaines élections.
Deux ans après la révolution, l'ANC n'est toujours pas parvenue à rédiger une Constitution, un préalable à la tenue d'élections, et les problèmes du chômage et du développement des régions défavorisées, à l'origine de la révolte qui a chassé du pouvoir l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, n'ont pas trouvé un début de solution.
L'insécurité et les problèmes sociaux empêchent une relance réelle de
l'économie tandis que la montée des salafistes, responsables de plusieurs coups d'éclat violents, fait craindre une explosion de violences.
La découverte d'une cache d'armes et l'arrestation de treize suspects de la mouvance salafiste, annoncées jeudi, ont de nouveau rappelé ce risque.