Selon Washington, c’est une provocation.
L'AIEA a annoncé jeudi que l'Iran avait commencé à installer des centrifugeuses plus modernes sur son site d'enrichissement d'uranium de Natanz, un développement accueilli avec inquiétude par les Occidentaux et par Israël à cinq jours de nouvelles négociations sur le nucléaire iranien.
"Le 6 février 2013, l'agence a observé que l'Iran avait commencé l'installation de centrifugeuses IR-2m" à Natanz, indique un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique consulté par l'AFP.
"C'est la première fois que des centrifugeuses plus avancées que les IR-1 ont été installées" sur le site de Natanz, dans le centre de l'Iran, souligne l'AIEA dans ce document.
Le 13 février, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie nucléaire (OIEA), Fereydoun Abbassi Davani, avait annoncé que l'installation de ces nouveaux équipements avait commencé, ce que l'AIEA n'avait pas confirmé avant ce jeudi.
L'enrichissement est au centre du conflit entre l'Iran et les grandes puissances, qui soupçonnent ce pays de vouloir enrichir de l'uranium jusqu'à 90%, niveau nécessaire pour fabriquer la bombe atomique, ce que les autorités iraniennes démentent régulièrement.
Téhéran affirme enrichir uniquement à des fins civiles - jusqu'à 5% pour produire de l'électricité et 20% pour alimenter son laboratoire de recherche médicale - et revendique son droit à enrichir de l'uranium en tant que signataire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
L'Iran est sous le coup de sanctions internationales pour ces activités, qui seront de nouveau au cœur de nouvelles négociations prévues le 26 février après huit mois d'interruption à Almaty (Kazakhstan) avec le Groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne).
Washington a déclaré jeudi que "l'installation de nouvelles centrifugeuses modernes", si elle était confirmée, serait une nouvelle "provocation" de la part de l'Iran.
Ce serait "une nouvelle escalade et une poursuite de la violation des obligations de l'Iran conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'AIEA", a ajouté la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland.
"Il y a une voie diplomatique" pour résoudre la crise du nucléaire iranien, a toutefois relevé Mme Nuland, appelant les Iraniens à négocier avec "sérieux" à Almaty.
Pour la Grande-Bretagne, le fait que l'Iran ait commencé, d'après l'AIEA, à installer des centrifugeuses plus modernes à Natanz "est un grave sujet de préoccupation", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Alistair Burt.
M. Burt a lui aussi dénoncé "une nouvelle infraction aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'AIEA" et appelé Téhéran à adopter une attitude constructive lors des prochains pourparlers. "Nous espérons que l'Iran viendra à Almaty avec l'intention de négocier vraiment", a-t-il déclaré.
Israël, qui considère que l'acquisition par l'Iran de l'arme nucléaire constituerait pour lui une menace existentielle, a également exprimé son inquiétude.
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié de "grave" le rapport de l'AIEA. Il a souligné que l'Iran était "aujourd'hui plus proche que jamais d'obtenir du matériel enrichi pour une bombe atomique".
Encore plus que Natanz, c'est le site souterrain de Fordo, situé près de la ville sainte de Qom et où l'Iran a décidé de concentrer son enrichissement jusqu'à 20%, qui inquiète les grandes puissances.
Dans son rapport, l'AIEA constate l'impasse dans ses discussions avec l'Iran sur un accord de vérification de ses activités nucléaires.
Après plusieurs réunions Iran-AIEA en un an, la dernière datant de la semaine dernière, "il n'a pas été possible de finaliser un document d'approche structurelle ou de commencer un vrai travail dans cette direction", selon l'agence onusienne.
L'AIEA veut obtenir un accès plus large à des sites, individus ou documents pouvant éclaircir les points soulevés dans son rapport de 2011 sur des éléments selon lesquels l'Iran a oeuvré à la mise au point de la bombe atomique avant 2003 et peut-être après.
Dans le document, l'AIEA réitère sa demande d'accès au site militaire de Parchin, où elle soupçonne les autorités d'avoir procédé à des tests d'explosions applicables au nucléaire.
Une pleine coopération de Téhéran est essentielle afin d'"établir la confiance internationale dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire de l'Iran", insiste l'AIEA.