Malgré les tentatives de rabibochage, les relations entre le Futur et ses alliés ont reçu un grand coup.
Face au consensus des quatre principaux partis politiques chrétiens (Courant patriotique libre, Forces libanaises, Kataëb, Maradas), qui représentent la majorité de l’opinion publique chrétienne, le Courant du futur (Moustaqbal) a mis en avant les «indépendants chrétiens» pour mener une croisade contre le projet de loi orthodoxe.
Six députés et une dizaine de personnalités de second plan se sont réunis jeudi chez le député Boutros Harb pour exprimer leur «rejet absolu» de la proposition orthodoxe et faire part de leur détermination à faire échec à ce projet «dangereux».
Dans un long communiqué, ces «indépendants» ont lancé une violente charge contre ce projet, reprenant un à un les arguments du Courant du futur.
Cela n’a pas empêché des députés du Moustaqbal de poursuivre leur campagne contre leurs alliés chrétiens, dans l’objectif clair de les intimider ou d’exercer sur eux un chantage politique.
C’est notamment le cas de Nouhad al-Machnouk, qui a déclaré que même si le projet orthodoxe ne passe pas, les relations entre le Courant du futur d’un côté, les Forces libanaises et les Kataëb de l’autre, «ne seront jamais plus comme avant».
C’est sans doute pour ménager le Moustaqbal que le leader des FL, Samir Geagea, s’est absenté jeudi de la réunion des pôles chrétiens tenue sous l’égide du patriarche maronite à Bkerké, où il s’est fait représenter par le député Georges Adwan.
Le général Michel Aoun, l’ancien président Amine Gemayel et le leader des Maradas, le député Sleiman Frangié, étaient présents.
Lors de cette rencontre, les quatre partis chrétiens ont ouvert la porte à l’adoption d’un autre projet susceptible de garantir une réelle représentation des communautés.
Quoi qu’il en soit, le projet orthodoxe a définitivement enterré la loi de 1960 et imposé l’introduction du mode de scrutin proportionnel dans le processus électoral, au grand dam du Courant du futur.
Malgré les tentatives de rabibochage, les relations entre le Moustaqbal et ses alliés ont reçu un grand coup.
Citant des sources proches des Forces libanaises, Scarlett Haddad explique que «la conversation téléphonique entre le chef du Courant du futur, Saad Hariri, et Samir Geagea, n’a pas été aussi sereine qu’on le dit». «Le ton est monté entre les deux hommes, Saad Hariri parlant de «poignard dans le dos» et Geagea déclarant qu’il ne peut pas renier l’accord de Bkerké ni se placer en porte-à-faux avec l’autorité religieuse maronite, écrit la journaliste.
De plus, Geagea aurait précisé à son interlocuteur que, contrairement à ce qu’a fait le général Aoun avec le Hezbollah, lui n’a pas demandé l’appui du Courant du futur, se contentant de réclamer la liberté de décider ce qui convient le mieux aux chrétiens et aux Forces libanaises».
«Au bout d’une longue discussion, les deux hommes ont convenu de laisser la porte du débat ouverte pour aboutir à une solution médiane, autrement dit, un projet de loi qui ménage les intérêts du Futur mais permet en même temps aux chrétiens d’élire eux-mêmes au moins une grande partie de leurs députés.
Et selon les différents milieux politiques, c’est le président du Parlement, Nabih Berry, qui serait à la recherche de cette formule magique.
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