Il a organisé ce dimanche un sit-in en solidarité avec les prisonniers islamistes au Liban.
Vendredi dernier, l’imam de la mosquée Bilal ben Rabah à Saïda (Sud Liban) a dû interrompre soudainement son prêche hebdomadaire, porter du noir de la tête aux pieds en quelques instants, prendre son fusil automatique et annoncer l’état d’alerte dans les rangs de ses partisans. Immédiatement, ces dernies, armés jusqu’aux dents, ont obéi à l’appel de leur chef, se déployant dans les rues et sur les toits des bâtiments, provoquant comme à chaque fois la panique des habitants.
Quant aux raisons de cet état d’alerte, il n’y en a qu’une qui a été avancée : deux voitures appartenant à un cheikh proche du Hezbollah sont passées du côté de la mosquée ben Rabah ! Un petit convoi a été donc suffisant pour « effrayer » notre jeune cheikh qui a directement accusé le Hezbollah de se préparer pour l’assassiner !
Depuis son éruption sur la scène politique au Liban, alAssir guette le moment favorable pour se lancer dans une guerre médiatique contre le parti de la résistance. Mais évidemment, le véritable enjeu d’alAssir ne se limite pas à une simple campagne médiatique.
Il est vrai que le fait de se poser devant la caméra, armes dans la main, ou à bord d’une bicyclette ou encore jouant avec la neige ou se baignant dans l'eau, fait de lui à chaque fois l’homme du jour ou peut-être de la semaine, mais la mission dont alAssir est chargé est bien plus importante que de devenir une vedette de télévision.
C’est bien lui et ses partisans qui ont pris d’assaut un quartier de Saida habité de chiites il y a quelques mois pour pousser ses habitants et derrière eux le Hezbollah à la riposte armée. N’ayant pas réussi son objectif, Ahmad alAssir - dont les discours ne tarissent point de provoquer les sunnites contre ce qu’il considère être « le projet expansionniste persique chiite » promettant de l’avorter à tout prix, même si « cet objectif provoquerait un bain de sang inouï au Liban » selon ses dires – a lancé dernièrement une campagne contre les réservoirs du mazout en destination de la Syrie.
Là encore, la raison invoquée est d’empêcher le Hezbollah d’acheminer du carburant au régime syrien afin de le paralyser face aux groupes armés financés des quatre coins du monde.
Une fois de plus, la mobilisation d’alAssir et de ses partisans n’a pas abouti à l’objectif escompté. Le blocage de la route côtière de Saïda n’a fait que perturber la circulation de la population pour quelques heures avant l’arrivée de l’armée.
Et la liste des provocations est loin d’être terminée : juste après l’incident d’Ersal (Nord-Est) au cours duquel des groupes extrémistes ont attaqué une patrouille de l’armée libanaise, Ahmad alAssir n’est pas resté bouche cousue. Il avait promis aux habitants d’Ersal de se rendre chez eux pour afficher son soutien « inconditionnel aux musulmans sunnites opprimés du Liban » !
Mais ses propos ne sont jamais transformés en acte et les habitants d’Ersal se sont trouvés contraints « à mener la bataille seuls, sans le soutien de ce grand guide valeureux ». Déjà la plupart des habitants du village frontalier ont manifesté contre la visite prévue d’alAssir et ont exprimé leur soutien à l’armée libanaise dans sa lutte contre les groupes extrémistes présents dans leur région.
Face à cet énième échec, le jeune cheikh a tenté ces derniers jours autre chose. Il a lancé un avertissement aux habitants de son village Abra (Saïda) contre la présence d’éléments du Hezbollah dans certains appartements et qui sont en train de se préparer pour lancer une attaque contre les sunnites de la région. Mais sur la foi des habitants avoisinants, il s’agit d’unités résidentielles et des foyers d’hébergement pour étudiants universitaires proches du Hezbollah.
Ce dimanche encore, alAssir a organisé un sit-in en solidarité avec les prisonniers islamistes. Comme dans tous ses discours, il s’en est pris au Hezbollah et à ses projets « néfastes » pour le Liban. Mais une fois de plus, le Hezbollah a fait la sourde oreille, refusant à tout prix de réaliser le rêve d'alAssir de déclencher une guerre confessionnelle au Liban.
Face à cette situation accablante pour alAssir, il semble que la fin de sa bataille contre des moulins à vent n'est pas pour bientôt!