Pour les analystes, la prochaine législature de cinq ans sera un banc d’essai pour discerner la manière dont les candidats potentiels à la succession mènent les réformes lancées depuis 2008 par Raul Castro.
Le président cubain Raul Castro devait recevoir dimanche un deuxième et dernier mandat de cinq ans, à l'issue de la séance inaugurale de la nouvelle assemblée nationale qui devrait ébaucher les scénarios de la succession des Castro au pouvoir.
Réunie à partir de 10H00 (15H00 GMT) -avec la présence de l'ex-président Fidel Castro, 86 ans, dont les sorties en public sont rares-, l'assemblée a procédé à l'élection de sa direction, avant de nommer les 31 membres du Conseil d'Etat, principal organe de l'exécutif, qui devait ensuite désigner son président.
Après avoir lui-même fixé à deux le nombre de mandats de cinq ans des principaux dirigeants, Raul Castro, 81 ans, devrait ainsi disposer d'un Conseil d'Etat préparant la relève de la génération historique des dirigeants à l'horizon 2018.
Sous forme de plaisanterie, Raul Castro a même évoqué vendredi un possible retraite anticipé.
"Je vais démissionner. Je vais avoir 82 ans, j'ai le droit de me retirer. Vous ne croyez pas?", a-t-il affirmé aux journalistes en riant avec ses gardes du corps, alors qu'il accompagnait le Premier ministre russe Dimitri Medvedev dans un cimetière militaire soviétique à La Havane.
C'est donc au sein du Conseil d'Etat que les observateurs chercheront le possible successeur de Raul Castro, celui qui pourrait diriger le pays, sans les Castro, pour la première fois depuis l'avènement de la Révolution en 1959 sous la direction de Fidel, retiré du pouvoir depuis 2006 au profit de son frère Raul.
La désignation du premier vice-président et des cinq vice-présidents de ce Conseil sera déterminante. L'actuel premier vice-président, José Ramon Machado Ventura, 82 ans, et un autre vice-président "historique", Ramiro Valdés, 80 ans, pourraient amorcer un retrait.
Trois hommes se profilent comme des candidats sérieux au pouvoir:
- Miguel Diaz-Canel, ingénieur électrique qui aura 53 ans en avril, ex-ministre de l'Education supérieure, depuis mars 2012 il est un des huit vice-présidents du conseil des ministres et a beaucoup gagné en visibilité ces derniers mois;
- Marino Murillo, économiste de 52 ans, vice-président du conseil des ministres, en charge de superviser les réformes économiques, souvent considéré comme plus technocrate que politique;
- Bruno Rodriguez, avocat et diplomate de 55 ans, ministre des Affaires étrangères depuis 2009 et qui a fait en décembre son entrée dans le bureau politique du tout-puissant Parti communiste de Cuba (PCC).
En outsiders, les déjà vice-présidents du Conseil d'Etat Abelardo Colomé, 73 ans, et Gladys Bejerano, 66 ans, qui a pour elle d'être une femme, Raul ayant toujours souhaité promouvoir les femmes au pouvoir.
Ce qui laisse certains penser que sa propre fille, Mariela Castro Espin, qui aura 51 ans en juillet, pourrait également faire son entrée au Conseil d'Etat.
A la mi-journée, l'assemblée a élu son président, Esteban Lazo, un économiste qui aura 69 ans mardi, qui était un des vice-présidents du Conseil d'Etat. Il succède à l'universitaire et diplomate Ricardo Alarcon, 75 ans, qui a choisi de ne pas se représenter à ce poste stratégique qu'il occupait depuis 1993.
Pour les analystes, la prochaine législature de cinq ans sera un banc d'essai pour discerner la manière dont les candidats potentiels à la succession mènent les réformes lancées depuis 2008 par Raul Castro.
"Personne ne peut gouverner avec la légitimité charismatique des dirigeants historiques, ce sera une période d'expérimentation, les candidats possibles devront montrer leur capacité à dessiner la Cuba du futur", a jugé pour l'AFP le politologue cubain Carlos Alzugaray.