Sept accords ont été signés entre la Qatar et l’Algèrie dans le domaine économique: les raisons de ce rapprochement économique définies par un expert dans ce rapport.
Malgré la froideur qui domine les relations entre le Qatar et l’Algérie suite aux événements survenus sur la côte africaine et aux répercussions du «printemps arabe», la récente visite de l'Emir du Qatar Hamad bin Khalifa Al Thani le 7 Janvier dernier en Algérie, a établi une passerelle entre les deux pays à travers l’élaboration d’une coopération économique qui devrait contribuer à un rapprochement sur les plans diplomatique et politique.
A ce titre, la revue Open Democracy a publié un rapport indiquant les raisons de l'écart entre les deux pays et les possibilités de convergence que pourrait réaliser une coopération économique émergente.
Selon ce rapport rédigé par Mehdi Lazar, un expert en droit international, les relations qataro-algérienne ont été affectées par l’ingérence du Qatar dans un certain nombre de questions régionales touchant directement l'Algérie. Comme par exemple le renversement du colonel Kadhafi ou la guerre au Mali ou encore la crise syrienne.
Lazar note que « l'Algérie redoute le rôle des pays du Golfe dans la région de l’Afrique du nord et ce en raison de son rapprochement avec le Maroc, incarné en l'an 2011 par l’invitation faite au Maroc pour rejoindre le Conseil de coopération du Golfe (CCG) ».
L’expert souligne que « les préoccupations algériennes à l’égard du rôle du Qatar dans la région reviennent à son lien et à son soutien aux groupes islamistes. Comme c’est le cas en Tunisie où le Qatar soutient le Mouvement de la Renaissance islamique. Mais aussi en raison des changements qui ont surgi dans les régimes politiques des pays voisins, sans compter les incidents qui ont éclaté sur la côte africaine et où le Qatar y joue un rôle comme les revendications identitaires des Amazighs et des Touaregs à l'intérieur de l’Algérie , ce qui menace sa stabilité ».
Dans ce contexte, le rapport estime que « la visite de l'Emir du Qatar : sa signature sur sept accords dans les domaines de l'énergie, des mines, de l'industrie, ouvre de nouvelles perspectives sur la relation tiède entre les deux pays et pourrait contribuer à rapprocher les points de vue des deux pays sur un certain nombre de dossiers et de conflits ».
Selon l’expert Lazar: « les raisons d’un rapprochement économique entre les deux pays reviennent en grande partie aux évolutions auxquelles a assisté le secteur de l'énergie dans le monde, et plus particulièrement après la découverte par Shell d'énormes réserves de stocks d'énergie dans différentes régions du monde», ajoutant que « ces découvertes ont poussé ces deux pays producteurs de gaz à chercher des moyens pour diversifier leur structure économique via des accords bilatéraux ».
Toujours selon l’expert, « le Qatar cherche à élaborer une stratégie visant à diversifier ses atouts économiques, l'Algérie, pour sa part, cherche à attirer davantage d'investissements étrangers, d'où l'importance de ces accords ».
Selon le rapport, « le Qatar estime que l’Algérie représente un acteur stratégique régional : un Etat prometteur avec de grands marchés et beaucoup d’opportunités économiques, de plus il jouit d’une certaine stabilité politique comparé à d'autres pays arabes».
Et de souligner que « la convergence des intérêts bilatéraux dans le domaine de l'énergie pourrait conduire à construire une nouvelle alliance entre eux et les aider à faire face à la concurrence mondiale de plus en plus acharnée dans ce domaine ».
Lazar écrit qu’ « après deux années de froideur entre le Qatar et l'Algérie, sans compter les profonds changements qui ont surgi sur la scène géopolitique en Afrique du Nord et sur la côte africaine, le rapprochement économique entre les deux pays peut être une occasion pour approfondir leurs relations politiques».
Mais aussi, cela peut-être «un moyen de pression utilisé par le Qatar contre l'Algérie pour la pousser à changer ses positions sur un certain nombre de conflits notamment syrien ».
Il ajoute que « ce rapprochement aurait une incidence aussi sur la réalité de l'impasse de la crise syrienne, et donc de pousser le Qatar à travailler pour trouver une solution pacifique et l'Algérie à assouplir sa position à l’égard de la crise syrienne comme elle l’a fait pour la crise malienne ».