Le nombre de victimes au sein des Rezeigat est pour le moment inconnu. Aucun responsable de cette tribu n’a pu être joint pour le moment.
Au moins 500 personnes ont été tuées et près de 900 autres blessées depuis début janvier dans des affrontements entre tribus arabes dans une zone de mines d'or au Darfour, a affirmé lundi Adam Sheikha, un député de cette région de l'ouest du Soudan.
Ce bilan est bien plus élevé que ceux communiqués jusqu'à présent sur les combats entre les tribus des Rezeigat et des Beni Hussein pour le contrôle de mines d'or dans la région de Jebel Amir, dans le Darfour-Nord, et ne concerne que la seconde tribu, à laquelle appartient M. Sheikha.
Ces récentes violences illustrent le changement de nature du conflit au Darfour, qui commémore mardi le dixième anniversaire du début d'un soulèvement de tribus noires contre le pouvoir central de Khartoum, dominé par les Arabes.
"Le nombre de martyrs (pour la période) du 6 janvier au 23 février est de 510, dont des femmes et des enfants. Et 865 autres personnes ont été blessées", a déclaré Sheikha, précisant que toutes ces victimes faisaient partie de la tribu des Beni Hussein.
Le nombre de victimes au sein des Rezeigat est pour le moment inconnu. Aucun responsable de cette tribu n'a pu être joint pour le moment.
Le 30 janvier, Amnesty International avait évoqué un bilan de 200 morts dans les violences.
Depuis le début de l'année, 68 villages ont été entièrement brûlés et 120 en partie incendiés, et des femmes ont été violées, a précisé M. Sheikha, député de la circonscription d'El-Sireaf, où les combats ont eu lieu, et membre du parti du Congrès national, le parti du président Omar el-Béchir.
Des habitants d'El-Sireaf avaient rapporté samedi une attaque à la mitrailleuse lourde et au lance-grenades menée par des miliciens de la tribu des Rezeigat, évoquant un bilan de plus de 50 morts.
Sheikha a indiqué que ces miliciens étaient arrivés "à bord de véhicules gouvernementaux, avec des armes de l'Etat, et recevaient leur salaire de l'Etat". Il a également estimé que près de 20.000 familles avaient été déplacées, soit près de 200.000 personnes.
L'ONU avait indiqué fin janvier que plus de 100.000 personnes avaient été poussées à la fuite ou fortement affectées par les violences au Jebel Amir, venant s'ajouter au 1,4 million de déplacés toujours bloqués dans des camps au Darfour.
Lundi, le représentant et coordinateur humanitaire de l'ONU au Soudan, Ali Al-Zaatari, a exprimé "sa profonde inquiétude concernant la sécurité et le bien-être des civils dans la ville d'El-Sireaf", où la plupart des déplacés ont trouvé refuge, dans des conditions humanitaires difficiles.
Dimanche, le gouverneur du Darfour-Nord, Osmane Kbir, avait indiqué que les forces de sécurité allaient "intervenir avec force" pour assurer la paix entre les deux tribus, selon l'agence officielle Suna.
La semaine dernière, un haut responsable du Darfour, Eltigani Seisi, avait déclaré à l'AFP que le "problème majeur" de la région, dix ans après le début de la guerre civile, n'était plus les attaques rebelles mais la "violence ethnique" comme celle en cours au Jebel Amir.