Après avoir avancé vers Bréga, les insurgés libyens ont du battre en retraite après avoir fait l’objet d’un déluge de feu lancé sur eux par l’armée de Tripoli
Comme tous les matins depuis cinq jours, les insurgés libyens ont avancé mardi vers Bréga. Mais à la mi-journée, le déluge de feu lancé sur eux par l\'armée de Tripoli les a fait battre en retraite.
Leurs rares armes lourdes, des lance-roquettes multiples montés à l'arrière de pick-up japonais, à la précision de tir approximative surtout entre les mains de combattants dont la plupart étaient civils il y a six semaines, ne font pas le poids face à la puissance de feu des forces du colonel Mouammar Kadhafi.
Mieux armées, mieux organisées, équipées de radios qui font défaut aux rebelles, les troupes loyales au dirigeant libyen ont enfoncé les positions rebelles qu'elles ont repoussées vers l'Est, en plein désert, d'une trentaine de kilomètres.
Car en fait de "positions", les insurgés nont pas grand-chose à opposer à l'avancée ennemie: des véhicules garés en désordre le long d'une route, quelques 4x4 postés alentours dans les dunes, des lance-roquettes à découvert, vulnérables à des ripostes dès qu'ils ont ouvert le feu. Pas une tranchée, pas un poste de tir, pas une butte de terre derrière laquelle s'abriter et riposter.
"C'est très mauvais, aujourd'hui", reconnaît Mohamed Misrati, un combattant de 27 ans venu de Benghazi, fief des rebelles à 240 km au nord-est de Bréga.
Assis avec trois compagnons d'armes à l'arrière d'un 4x4, près d'une mitrailleuse, ils se replient sur l'unique route asphaltée. "Ils tirent de trop loin. Avec les armes que nous avons, nous ne pouvons pas les atteindre. Il ne faut pas rester ici".
Tout à coup, trois claquements sourds. De petits nuages noirs éclatent dans le ciel. Les obus ont encadré la voie, à cent mètres de là, donnant le signal d'une nouvelle débandade.
Voitures civiles, pick-up et camionnettes se ruent vers l'arrière, à trois de front sur la route. De chaque côté, à découvert sur des pistes parallèles, des colonnes de 4x4 rebelles battent en retraite à toute allure. Parmi eux, les camions lourds qui étaient passés dans l'autre sens, deux heures plus tôt, chargés de roquettes de 122 mm.
La caravane interrompt sa fuite quelques kilomètres plus loin, sur une butte. On sort les jumelles. Les obus se rapprochent à nouveau, la fuite reprend. En milieu d'après-midi, des obus encadraient la route à 40 km de Bréga, à mi-chemin d'Adjabiya, la grande ville de la région.
La journée avait pourtant commencé par un coup de main venu du ciel: des chasseurs-bombardiers de l'Otan, que l'on entend régulièrement rugir dans le ciel, avaient détruit vers 09H00 sur la route, près de Bréga, deux pick-up des forces de Tripoli.
Etaient-ils à l'offensive ou voulaient-ils faire défection et rejoindre les lignes rebelles ? Dans les rangs des insurgés, les versions divergent. Mais, selon des témoins et des médecins, aucun de leurs passagers n'ont été touchés. Alertés par le bruit des avions, ils auraient pris la fuite à pieds, dans les dunes.