"Les cheikhs salafistes de Tripoli ne font rien sans avoir reçu un ordre du comité dirigeant composé des cinq cheikhs emprisonnés à Roumié".
Les détenus de Fatah al-Islam ont retiré les habits de leur organisation d’origine et ont revêtu la abaya du Front al-Nosra, transformant le bloc B de la prison de Roumié en centre de commandement dirigé par un comité secret de cinq cheikhs qui ne quittent jamais leurs cellules.
Ils émettent des fatwas, donnent des ordres à des groupes combattants au Liban-Nord, au Liban-Sud et dans la Békaa. Les investigations ont montré que leur objectif est de fonder un émirat islamique allant de Lattaquié (en Syrie) à Saïda (au Liban).
Les plans des détenus ont été divulgués après que des éléments de l’Armée syrienne libre (ASL) aient été incarcérés dans le bloc B, partant du principe qu’ils devraient être en bonne harmonie puisqu’ils sont tous hostiles au régime syrien.
Mais il y a un mois et demi, les divergences politiques et idéologiques entre les deux groupes ont surgi et se sont transformées en confrontation après que l’ASL eut réalisé qu’al-Nosra ne combat pas le régime Assad parce qu’il est oppressif mais dans l’objectif de créer un émirat islamique.
L’enquête a permis de découvrir que plusieurs groupes de détenus sont en contact permanent dans les prisons de Roumié, de Kobbé, à Tripoli, et de Zahlé.
Ces groupes, qui coordonnent leur action, sont dirigés par Abou Salim Taha, qui a recruté les anciens de Fatah al-Islam pour le compte d’al-Nosra.
D’ailleurs, ceux qui ont combattu l'armée à Nahr al-bared (nord du Liban) faisaient partie d’Al-Qaïda et il leur a été demandé, à l’époque, de se rendre dans les camps de Aïn el-Héloué et de Nahr al-Bared, où ils ont pris des épouses palestiniennes dans le but de nouer des liens avec les familles et, par conséquent, d’augmenter leur nombre.
Leur mission était de voir quel était le camp le plus propice pour fonder un émirat islamique. Ils ont finalement opté pour Nahr al-Bared, parce qu’il est plus proche de la Syrie.
L’ancien Premier ministre Rafic Hariri s’était opposé à ce projet en l’an 2000, lors de la bataille de Denniyé. Puis son fils Saad a pris le relais en mettant, toutefois, sur un pied d’égalité les armes du Hezbollah et les armes de l’extrémisme.
Il y a deux semaines, les divergences entre al-Nosra et l’ASL se sont transformées en affrontements, en Syrie.
Ces combats ont eu des répercussions dans la prison de Roumié, où des détenus d’al-Nosra ont sévèrement battu un colonel de l’ASL qui a dû être hospitalisé.
L’enquête a montré que les détenus disposent de connexions Internet à l’intérieur de leurs cellules. Il suffit de se placer dans la cour de la prison pour recevoir des connexions Wifi portant des noms comme Abou Mazen Jaafari, Tawhid, l’émirat d’al- Nosra et d’autres encore. Pourquoi la direction de la prison n’interrompe-t-elle pas ces moyens de communications?
Les informations indiquent que les cheikhs salafistes de Tripoli, Bilal Dokmak et Nabil Rhayye, ne font rien sans avoir reçu un ordre du comité dirigeant composé des cinq cheikhs emprisonnés à Roumié.
Al Joumhouria + Mediarama