Des sources égyptiennes avancent l’hypothèse d’un coup d’Etat militaire pour empêcher cet effondrement.
Avec la flambée de violence dans les villes du Canal de Suez à la fin de Janvier dernier, le ministre de la Défense égyptien le général Abdel Fattah al-Sissi a émis des craintes quant à l'avenir de la démocratie naissante dans le pays. Des sources de sécurité informées rapportent que Sissi a informé le président élu Mohammad Morsi que la situation est critique.
Une source de sécurité proche de l’armée a dit à l’agence de presse Reuters que « la direction militaire a averti le Président que la sécurité nationale est en danger après le chaos et la violence qui ont sévi dans les villes de Suez et de Port-Saïd."
Les deux hommes ont discuté des moyens de contenir les troubles dans la région du Canal, qui est d’une grande importance pour l'Egypte et le commerce mondial. Les deux parties se sont convenues que l'armée ne peut pas rester les bras croisés et permettre la propagation des troubles. Samedi 26 janvier, les forces armées ont été déployées dans les deux villes et des véhicules blindés sont arrivés à Suez pour protéger les bâtiments publics. Morsi a pour sa part annoncé un couvre-feu pendant la nuit dans les trois villes du Canal.
Ce fut un moment décisif dans le combat de l'Egypte pour la mise en place d'un véritable système démocratique. Lorsque le soulèvement populaire a évincé l'ancien président Hosni Moubarak il y a deux ans, l'armée qui a joué un rôle central dans l'état pendant des décennies, a décidé de ne pas s’ingérer alors que la course au pouvoir s’intensifiait entre les partis politiques.
Selon de nombreux analystes, l’armée s’est convenue avec Morsi juste après son élection en juin 2012 à ne pas s’ingérer dans les affaires de l’armée et à ne pas œuvrer pour changer sa vision pour la sécurité nationale. En contrepartie, l'armée affiche un grand soutien à Morsi et aux Frères musulmans.
Mais les Egyptiens ont découvert qu'un tel accord a des limites. Selon des sources sécuritaires, l’armée s'est sentie obligée d'intervenir pour contrôler la situation après l'explosion de la violence en Janvier, mais elle a essayé de son mieux pour justifier qu’elle a agi ainsi pour des raisons nationales. C’est ainsi que « le président et le Conseil de défense nationale ont pris la décision de déclarer l'état d'urgence et le couvre-feu jusqu'à ce que la situation se stabilise."
Selon des sources sécuritaire et politique s’exprimant à Reuters, Sissi a exhorté les dirigeants politiques à mettre de côté leurs divergences face à la crise économique et sociale. Bien que les forces armées disent vouloir rester neutres, les soldats considèrent qu’il est impossible d’ignorer la situation dans les rues.
Alors que la direction égyptienne se prépare à organiser de nouvelles élections législatives à partir du 22 Avril, Morsi se trouve dans une situation délicate.
Issam Haddad, assistant de Morsi pour les Affaires étrangères, a déclaré à Reuters que la relation entre les forces armées et la présidence évoluent dans un sens « très positif ». Mais des spéculations ont circulé récemment dans les médias égyptiens et les sites de réseaux sociaux selon lesquelles des tensions existent entre l'armée et des Frères musulmans. Haddad a accusé les médias égyptiens de provoquer une division et une mésentente entre les deux parties. « Quand on suit certaines chaines de télévision on sent qu’un coup d’Etat militaire est imminent », a-t-il déploré.
En effet, une série de troubles sécuritaires et des développements juridiques sont survenus sur la scène égyptienne, ce qui a nécessité le déploiement de l’armée pour instaurer l’ordre dans le pays. Mais selon certaines sources, Sissi a de loin dépassé sa mission sécuritaire dans le pays. « Il se serait entretenu avec les adversaires politiques de Morsi, Mohammad elBaradei, Hamden Sabahi et Amr Moussa sur le rôle crucial de l’armée dans le maintien de la sécurité dans le pays.
Pour certaines forces étrangères, les forces armées demeurent une source de stabilité en Egypte qui souffre actuellement de troubles politiques.
Dans un communiqué publié par le Pentagone, l’ancien ministre américain à la défense Léon Panetta a discuté le 5 février dernier avec Sissi de la situation politique en Egypte et de l’importance du maintien de l’aide sécuritaire à l’Egypte pour faciliter aux forces armées du pays de poursuivre son action au service des objectifs sécuritaires communs, tout en développant les équipements et les capacités de cette armée.
L’armée égyptienne était inquiète quand à la réduction par certains pays des aides fournies à l’Egypte à cause des troubles politiques dans le pays. Certains membres du Congrès US ont tenté de résilier un contrat signé à l’époque de Hosni Moubarak stipulant la livraison d’avions de chasse F-16 au Caire. Mais des responsables américains et égyptiens ont annoncé que les Etats-Unis ont livré les F-16 à l’Egypte ce février.
Une source militaire égyptienne a rapporté de dirigeants militaires égyptiens avoir rassuré leurs homologues américains de la solidité du lien stratégique entre les deux pays, précisant que la livraison d’armes à l’Egypte représente la première garantie du maintien de ces liens.
Source: alquds.co.uk