Des Cheikhs sunnites de Dar el-Fatwa sont de plus en plus menacés et harcelés par leurs coreligionnaires extrémistes
Le cheikh extrémiste Ahmed al-Assir, qui tient un discours sectaire exacerbant les tensions confessionnelles entre sunnites et chiites, a appelé ses partisans à marcher pacifiquement vers des appartements habités depuis plus de 25 ans par des familles et des individus membres ou proches du Hezbollah, non loin de la mosquée dans laquelle il officie à Abra, à l’Est de Saïda. Mais l’Armée libanaise s’était déployée en force dans la région pour empêcher tout incident qui pourrait dégénérer.
L'armée a bouclé le secteur empêchant les journalistes d'arriver à la mosquée, après avoir décrété la région de Abra «zone militaire». Par conséquent, tout déplacement dans le secteur nécessite un laissez-passer délivré par les autorités militaires compétentes.
Le mouvement d’al-Assir, qualifié «d’enfantin mais néanmoins de dangereux» par le cheikh Maher Hammoud, imam de la mosquée al-Qods à Saïda, s’est donc déroulé loin des caméras, au grand dam du cheikh intégriste, dont la stratégie est de faire le plus de tapage possible devant les caméras et les microphones pour exacerber les tensions et tenter de s’attirer la sympathie de l’opinion publique.
Vendredi 22 février, des partisans armés de cheikh al-Assir s’étaient déployés autour de la mosquée, prétextant l’existence de membres du Hezbollah dans les appartements en question. Cet acte, jugé «irresponsable» par cheikh Maher Hammoud et l’ancien député Oussama Saad, président de l’Organisation populaire nassérienne (OPN), avait pour objectif de susciter une réaction de la part du Hezbollah, qui a toutefois annoncé qu’il éviterait jusqu’au bout la discorde interreligieuse.
Un autre incident illustrant la tension qui règne dans le pays a eu lieu dans la mosquée Mohammad al-Amine, dans le centre-ville de Beyrouth. Selon des témoins, cinq à sept personnes ont tenté de faire descendre de la tribune le cheikh Hicham Khalifé alors qu’il prononçait son prêche du vendredi. Ces agitateurs sont intervenus lorsque le dignitaire religieux, qui est également le directeur général de Dar el-Fatwa, mettait l’accent sur l’unité nationale et inter-musulmane. Des fidèles présents dans la mosquée sont intervenus pour protéger le cheikh, qui a pu poursuivre son prêche. Les agresseurs ont pris la fuite avant l’arrivée de l’Armée libanaise, qui s’est déployée en force autour de la mosquée.
Pour sa part, le ministre libanais de l’Intérieur, Marwan Charbel, qui a reconnu que le Liban traversait une période sécuritaire «difficile», a affirmé que les services de sécurité ont reçu l’ordre de sévir avec fermeté contre tous ceux qui portent des armes à Saïda, au Liban-Sud, en allusion aux partisans du cheikh al-Assir. «Il a été notifié à cheikh Assir que toute atteinte à la sécurité était interdite», a-t-il dit.
M. Charbel a assuré que les auteurs de kidnappings ne bénéficiaient d’aucune couverture politique et que toute atteinte à la sécurité était interdite.
Médiarama