L’Armée syrienne inflige aux miliciens un revers important dans les gouvernorats de Hama et d’Alep
L’agence de presse Asia a publié les dessous de la tentative d’assassinat du président syrien Bachar el-Assad et du ministre des affaires étrangères Walid Al-Mouallem, dévoilés dans un documentaire intitulé « Les guerres des services de renseignements en Syrie ».
Citant une source sécuritaire syrienne ayant suivi l’affaire dès son début, Asia indique que la tentative avait été ourdie de concert entre les services de renseignements turcs et français.
Leur plan consistait à recruter des employés kurdes en particulier, travaillant dans les secteurs publics syriens, en au palais présidentiel Al-Rawda et au siège du ministère des affaires étrangères.
Les Français ont d’ailleurs été convoités par les Turcs pour leurs bonnes relations avec les Kurdes. Et c’est grâce à l’un de leurs agents, un kurde aussi, que les contacts ont été entrepris.
Dans le documentaire dont les droits de diffusion ont été achetés par l’agence de presse, il est dit aussi que des agents turcs sont intervenus en personne, se faisant passer comme des activistes kurdes, et membres de partis kurdes sympathisants avec le gouvernement syrien. Finalement leur choix est tombé sur une société de services sanitaires œuvrant dans le secteur public, dont les palais présidentiels et les ministères, et dont certains de ses employés étaient des kurdes.
Toujours grâce à l’agent kurde des français, ils sont parvenus à enrôler deux travailleurs de la société. Ceux-là mêmes qui ont été arrêtés et dont les témoignages ont été diffusés dans le documentaire.
L’un d’entre eux, Mouayyad Al-Hachtar, endetté originaire de Deir Ezzor, raconte avoir été le premier à faire la connaissance d’un certain Abou Kordou, (le coordinateur de l’opération qui pourrait être l’agent kurde des Français) parce qu’il avait besoin de rembourser ses dettes. Il lui demanda de lui présenter le superviseur des ouvriers de la société, Anas Abdel-Hakim AlHussaïni, kurde originaire de Qamechli, lequel travaillait dans la société depuis 14 ans. Par la suite, Il lui demanda aussi de lui présenter le conducteur de la voiture qui transportait les détergents aux sites gouvernementaux, un certain Ghassan.
Lors de la rencontre avec Hachtar et Hussaïni, prétextant au début travailler pour une chaine de télévision kurde, la « Kurdistan TV », (selon les aveux de Hussaïni) Abo kordou les somma de lui fournir des informations sur l’intérieur du palais présidentiel et du ministère des affaires étrangères, et de les prendre des photographies à l’aide d’un stylo équipé d’une mini-caméra. Il leur demanda également de lui voler certains documents ainsi que des feuilles estampées du l'effigie de la république syrienne.
D’un air évasif, Hussaïni indique : « j’ai compris que le but d’Abou Kordou était d’obtenir des images de l’intérieur du palais présidentiel, du ministère des affaires étrangères et d’importants documents pour les donner à des parties étrangères se trouvant en Turquie ».
Et de poursuivre : « Je me suis adressée à une amie qui travaillait au ministère des affaires étrangères et je lui ai demandé de prendre en photos le bureau du ministre des affaires étrangères et les toilettes, parce qu’ils voulaient y placer l’engin explosif introduit avec les produits de détergent». Le lendemain, Hussaïni est arrêté, suivi deux jours plus tard par Hachter.
Ce dernier raconte aussi qu’il n’est pas parvenu à enrôler le conducteur de la société, chargé une fois par semaine de faire entrer les produits de détergent aux sites gouvernementaux, quoi qu’il était un sunnite pratiquant. Comme son recrutement était indispensable pour introduire au palais al-Rawda la charge explosive placée dans un conteneur ressemblant à celui des détergents, alors les commanditaires de l’attentat ont décidé de le kidnapper et de le remplacer par quelqu’un qui le ressemble.
"Et c'est lorsqu'il a été enlevé que les services de renseignements syriens ont décidé de mettre un terme au complot et arrêtèrent la cellule" rapporte la source securitaire, selon laquelle ces services étaient parvenus à infiltrer cette cellule .
Revers pour les rebelles
L’armée a fait subir samedi un sérieux revers aux miliciens en sécurisant une région allant de la province de Hama jusqu'à Alep et son aéroport.
"L'armée a restauré la sécurité et la stabilité dans les villages situés sur une route internationale (...) vers l'aéroport international d'Alep", indique un communiqué de l'armée cité par l'agence officielle Sana.
Cette route à travers le désert part de Salamiyé, dans la province de Hama, et remonte vers le Nord en passant notamment par le camp palestinien de Naïrab et l'aéroport international d'Alep, fermé depuis début janvier.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé la reprise de cette route par l'armée, indiquant qu'elle doit lui "permettre d'acheminer des renforts et des armes de Hama vers Alep".
"Si l'armée réussit à la garder sous son contrôle, ceci lui donnera un avantage pour se maintenir dans l'aéroport d'Alep et même dans la ville", a déclaré à l'AFP le chef de cette ONG Rami Abdel Rahmane.
Dans le Nord, près de la frontière turque, l'OSDH a fait état de "combats sanglants" entre plusieurs milices et les forces régulières dans les faubourgs de Raqa, parlant d'au moins 10 morts parmi les soldats, 16 dans les rangs miliciens, et de dizaines de blessés.
Selon l'agence Sana, "l'armée a repoussé des groupes terroristes armés qui procèdent à des agressions et actes de sabotage dans la banlieue nord-est de Raqa, leur infligeant des pertes considérables".
Terrain
Selon la télévision iranienne arabophone al-Alam, des dizaines de miliciens du Front al-Nosra et des brigades Tawhid ont péri dans le marché populaire des habitats Hanano, dans la ville d'Alep.
Dans le gouvernorat de Homs, les miliciens d'al-Nosra ont bombardé samedi les positions des Chrétiens dans la région de Rablé. Selon le correspondant du site d'informations Arabi-Press, les attaques contre cette localité située à l'ouest de Homs, et à 30 Km de Kseir ont débuté depuis que le patriarche maronite Bchara Raï s'est rendu en Syrie.
Deux Palestiniens soupçonnés d'aider le régime pendus à Damas (ONG)
Deux Palestiniens soupçonnés de collaborer avec le régime syrien ont été pendus par des rebelles dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, dans le sud de Damas, a rapporté samedi une ONG syrienne.
"Des rebelles dans le camp de Yarmouk ont exécuté deux hommes accusés de coopérer avec le régime et de l'aider à localiser des cibles qu'il a bombardées la semaine dernière. Ils ont été pendus à des arbres (...) dans le camp", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), sans être en mesure de dire quand avait eu lieu l'exécution.
Sur ce cliché, des hommes observent deux hommes pendus à deux arbres dans la rue, devant des immeubles, et certains sont en train de photographier la scène.
Il n'était cependant pas possible de vérifier l'authenticité de la photo de façon indépendante.
Selon l'OSDH, de telles pendaisons par les rebelles de personnes soupçonnées de travailler pour le régime ont déjà été signalées à Hama et à Alep, dans le nord du pays, mais c'est la première fois que ce type d'exécution est annoncé et qu'une photo est montrée.
Un membre d'une faction palestinienne dans le camp a indiqué à l'AFP sous couvert de l'anonymat que la pendaison avait eu lieu samedi dans le quartier de "Haret Al-Jabha, en face du café Al Ahram, sur le rond-point Palestine".
Les suppliciés "ont été accusés d'avoir donné aux forces du régime des informations sur l'emplacement d'un local du Front Al-Nosra dans le camp. Ce local a été bombardé la semaine passée", a-t-il ajouté en référence à un groupe rebelle jihadiste présent sur quasiment tous les fronts en Syrie.
Contacté par téléphone, le porte-parole du Front Populaire pour la ibération de la Palestine-Commandement général, Anwar Raja, a également indiqué à l'AFP qu'il pensait que ce groupe était derrière l'exécution.
"Ce sont des gangs qui tuent pour tuer, et pour terroriser les civils et empêcher les habitants du camp d'y revenir. Rien ne justifie ces exécutions", a ajouté le porte-parole du FPLP-CG.