Crise en Egypte: Kerry veut "plus d’efforts", accorde une aide de 250 M USD.
Cinq personnes, dont deux policiers, ont été tuées dans des violences nocturnes à Port-Saïd (nord-est) entre des habitants et les forces de l'ordre, a indiqué lundi le ministère de l'Intérieur.
Des inconnus ont tiré "de manière aléatoire" aux abords d'un commissariat, tuant deux membres de la police anti-émeutes. Trois hommes ont également été tués et plus de 400 personnes blessées, selon le ministère.
Les affrontements avaient éclaté pendant la journée de dimanche, après la décision du ministère de l'Intérieur de déplacer 39 prisonniers attendant un jugement.
Le verdict, qui doit être prononcé samedi, concerne la deuxième partie des accusés dans le procès des violences qui ont fait 74 morts après un match de football à Port-Saïd en février 2012.
Dimanche, les manifestants ont jeté des pierres et des cocktails Molotov contre un poste de police de Port-Saïd, une ville longeant le canal de Suez où une grève générale est entrée dans sa troisième semaine. La police a répondu par des tirs de gaz lacrymogène, selon un responsable de la sécurité.
En janvier, 21 personnes, en majorité des supporteurs de football de Port-Saïd, avaient été condamnées à la peine capitale dans un premier volet de cette affaire, ce qui avait provoqué des affrontements dans lesquels au moins 40 personnes avaient été tuées.
Le ministère de l'Intérieur avait annoncé avoir décidé de déplacer des prisonniers à l'extérieur de Port-Saïd, à commencer par les 39 accusés, afin d'éviter de nouvelles violences.
Kerry accorde une aide de 250 M USD
Entre-temps, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a demandé dimanche à l'Egypte de redoubler ses efforts pour rétablir la stabilité politique et remédier à sa profonde crise économique, tout en apportant 250 millions de dollars d'aide au président Mohamed Morsi.
Le nouveau patron de la diplomatie américaine a bouclé sa première visite au Caire par plus de deux heures d'entretiens avec M. Morsi, dont la moitié en tête-en-tête.
Kerry a octroyé 250 millions de dollars d'assistance, dont 190 millions pour soutenir le budget égyptien et 60 millions pour un fonds américano-égyptien d'appui aux entreprises.
Ces 190 millions font partie d'une première tranche de 450 millions de dollars destinés à l'Egypte et pour lesquels le Congrès américain a donné son feu vert il y a une semaine, au terme de mois de négociations entre le gouvernement de Barack Obama et les parlementaires américains.
Cette première aide, a souligné Kerry, est accordée après "des assurances du président Morsi" quant à la mise en oeuvre de réformes pour l'obtention d'un prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI), retardé en raison des violences politiques en Egypte.
Deux ans après la chute du régime autoritaire et pro-occidental de Hosni Moubarak, renversé par une révolte populaire, l'Egypte reste le deuxième récipiendaire de l'aide extérieure américaine -derrière Israël- avec 1,5 milliard de dollars, surtout pour les forces armées.
Tout le week-end, M. Kerry a vu des hommes d'affaires, des représentants de la société civile et des opposants politiques et a lié le marasme économique à l'impasse politique. Il a exhorté régime et opposition à faire "des compromis significatifs".
M. Morsi, premier président civil d'Egypte, fait face à des crises à répétition, et le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, a appelé à boycotter les législatives.