Kinan elGhamidi est connu être proche des autorités et du régime saoudiens.
Le rédacteur en chef du journal saoudien asSharq, Kinan elGhamidi, a été destitué de ses fonctions pour avoir rédigé un article critiquant la situation à l’intérieur de la direction et des institutions religieuses saoudiennes ainsi que le rôle qatari complice contre son pays. La décision de cette destitution a provoqué la colère et la déception dans les milieux médiatiques saoudiens.
Kinan figure parmi les journalistes les plus audacieux au niveau du traitement des dossiers sensibles dans ses articles et ses positions. Mécontents de cette décision officielle, des journalistes au quotidien asSharq ont cessé d’écrire pour dénoncer les pressions exercées sur les rédacteurs en chef.
elGhamidi avait accusé le Qatar dans un article de déstabiliser l’Arabie Saoudite, critiquant avec virulence le rôle de certains dirigeants, notamment ceux qui détiennent le pouvoir religieux du pays.
Commentant la nouvelle, le ministre de la culture saoudien Abdel Aziz Khoja a révélé que la décision de la destitution d’elGhamidi a été prise par la direction du journal et non pas par son ministère.
Mais pour la presse saoudienne, le Qatar est derrière la destitution de Kinan elGhamidi.
Selon le journal « elArab » citant de sources à Riyad, l’ambassadeur qatari a officiellement protesté auprès du ministère saoudien des affaires étrangères contre les articles du journal asSharq qui portent atteinte aux relations entre les deux pays, rappelant l’accord officiel de ne pas permettre à la presse des deux pays de s’en prendre aux politiques de l’autre pays.
Kinan elGhamidi est connu être proche des autorités et du régime saoudiens, et il a été démis de ses fonctions juste pour avoir critiqué entre autre l’institution religieuse du pays qui « embauche des religieux qui fourvoient les gens ».
Justifiant sa position, elGhamidi a écrit dans un article : « J’ai voulu avertir, à travers mes écrits, le peuple saoudien du danger qui le guette de la part de son voisin le gouvernement qatari et non pas son peuple, et de la part de nos frères à l’intérieur du pays. Certes le gouvernement sait beaucoup plus que moi, mais il garde le silence pour des raisons que seul Dieu connait, peut-être pour des raisons politiques ou autres ».
elGhamidi s’est demandé des raisons du complot du gouvernement du Qatar et de ses efforts pour renverser le gouvernement saoudien.
« J’ai entendu la fameuse conversation du ministre qatari des affaires étrangères, une conversation qui démontre la présence d’un complot clair contre mon pays le royaume saoudien. J’ai suivi également la mobilisation politique et financière du gouvernement qatari et je me suis rendu compte que le plan dévoilé dans la fameuse conversation était vrai. Donc, j’ai trouvé qu’il est de mon devoir national et professionnel de mettre en garde les deux peuples frères qatari et saoudien contre le complot du gouvernement du Qatar qui joue avec le feu ».
Il a également mis en garde le gouvernement saoudien contre le rôle des religieux qui ont de nombreux partisans sur les chaines de télévision et dans toute la presse. « Ils usent de la religion et tout le monde sait que c’est l’arme la plus efficace dans notre pays. Ces religieux sont les plus dangereux parce qu’ils sont très habiles et très intelligents. On nous arrive des fois à les placer au même rang des grands chercheurs et des dignitaires religieux éminents », a-t-il écrit dans son article.
Certains milieux médiatiques estiment que la destitution d’elGhamidi est due aux critiques permanentes contre les pressions exercées par les autorités saoudiennes sur les journalistes.