24-11-2024 06:26 PM Jerusalem Timing

AIPAC en 2013 : fin d’un mythe à cause des differends amèricano-israéliens?

AIPAC en 2013 : fin d’un mythe à cause des differends amèricano-israéliens?

"l’AIPAC est en difficulté parce qu’ « elle doit traîter avec une administration en opposition avec Israël, au moment où l’Etat juif fait face à une instabilité croissante dans la région et à une menace d’un Iran nucléaire".

C’est sans doute la première fois dans  l’histoire du lobby sioniste américain que  l’AIPAC  s’est retrouvée le dos au mur.

Ainsi on parle  dans les coulisses des médias américains et les salles de conférence à  Washington du  début de la fin du mythe  de l’AIPAC.

Sachant que le vice-président américain Joe Biden n’a pas hésité à évoquer une approche tactique différente entre les Etats-Unis et l’entité sioniste sur la façon de traiter avec l'Iran , mais aussi concernant  l'évolution rapide de la crise syrienne.

Apparemment, les ambitions de l’AIPAC pour cette année sont timides et se résument en deux points : premièrement, le souhait que les coupes dans le budget fédéral du Pentagone n’affecte pas l’aide militaire à Israël, et deuxièmement la poursuite de la pression sur le président Barack Obama en faveur d’une frappe militaire contre l'Iran.

Mais encore..

Pour la première fois depuis sept ans, le président américain ne participe pas à la la conférence de l’AIPAC, ni même le premier ministre israélien ou encore le président israélien.

D’où ,  un ordre du jour réduit  d’une part à cause des négociations qui sont en cours en Israël pour former un gouvernement et d’autre part à cause des préoccupations de Washington dans sa crise budgétaire.

Dans le programme  de la conférence de l’AIPAC de 2013, 12 mille délégués sont inscrits, notamment le vice-président américain Joe Biden, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (par satellite), le ministre de la Guerre israélien Ehud Barak,  le ministre des Affaires étrangères canadien John Baird, sans oublier Dennis Ross, Elliot Abrhams , Fred Hoff, et des membres éminents du Congrès.


Biden  a adressé des messages à l’entité sioniste

Dans son allocution lors de la conférence annuelle de l’AIPAC, le vice-président américain Joe Biden a certes réitéré le fait que « les Etats-Unis se tient derrière Israël ».

Toutefois, il a nuancé ses propos quand «  il a évoqué des différences tactiques avec l’entité sioniste », soulignant que « nous ne sommes pas en désaccord stratégique avec Israël qui devrait être en mesure de se protéger ».

«Nous comprenons que si Israël commet une erreur, il peut mettre en péril son existence même. Par conséquent, nous nous engageons à la sécurité d’Israël, et cela ne changera pas. Il est nécessaire pour nous, au-delà de la question morale » a-t-il souligné.

Et d’ajouter que « le président Obama ne lésine pas sur sa détermination à empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire », mais il a précisé que «  nous ne cherchons pas la guerre, nous sommes prêts à négocier pacifiquement. Certes, toutes les options sont sur la table, y compris l'option militaire ».

Et de noter que « la politique d'Obama est d’empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire. Point à la ligne. Prévention et non confinement».

M. Biden a également évoqué  une autre exigence israélienne celle de faire pression sur  l'Union européenne qui refuse d’imposer des sanctions contre le Hezbollah.

Il a estimé que « ce parti tente de se présenter comme rien de plus qu'un parti de services politiques et sociales alors qu’il conspire contre les innocents d'Europe, de l'Afrique ,d'Asie du Sud à de l'Amérique du Sud».

Et de poursuivre : « Nous savons ce que sait Israël : le Hezbollah est une organisation terroriste. Point. Nous invitons tous les pays du monde, sous le leadership de nos alliés européens, à agir contre le Hezbollah ».

«Ensemble, nous devons continuer à affronter le Hezbollah qui sème les graines de la haine partout, a-t-il ajouté.

Concernant le dossier syrien, Biden a soulignant que « le président Bachar al-Assad doit partir, toutefois il n’est pas question d’autoriser son remplacement par  un autre bandit  meurtrier», en allusion au Front alNosra.

 Il a noté que « dans ce contexte Washington a concentré son soutien à l'opposition syrienne légitime qui s'est engagée non seulement à un règlement pacifique en Syrie, mais à l’instauration d’une stabilité régionale ».

 «C'est pourquoi, nous poursuivons constamment notre pression sur le président d’alAssad et imposons des sanctions à la milice qui est soutenue par l'Iran et en même temps nous condamnons le front alNosra que nous avons qualifié d’organisation terroriste » a-t-il expliqué.

Pour ce qui est de l’ Egypte, Biden a  insisté sur la nécessité de continuer à  «s’engager en  Egypte pour garantir sa stabilité, sachant qu’il n’ y a pas d’autre  alternative légitime à ce stade que de s'engager avec l'Egypte ... Ce n'est qu'en s'engageant que nous pouvons pousser les dirigeants de l'Égypte à se concentrer sur le respect des obligations internationales, surtout le traité de paix avec Israël, sans compter de promouvoir la stabilité dans le Sinaï et encourager les dirigeants de l'Égypte à faire des réformes ».

Biden a omis d’évoquer les pourparlers palestino-israéliens,  la réconciliation entre le Fatah et le Hamas, à laquelle l’entité sioniste a posé son veto.


Réponse de Netanyahu : le nucléaire iranien : ligne rouge israélienne

De son côté, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a couronné la séance plénière du matin du deuxième jour de l’AIPAC en confirmant son engagement à empêcher l’Iran d’acquérir la capacité de construire une arme nucléaire.

S’exprimant par vidéoconférence depuis Jérusalem, il a déclaré que la République islamique « n’avait toujours pas franchi la ligne rouge que j’ai dessiné à l’Organisation des Nations Unies en septembre dernier, mais elle s’apprête à franchir cette ligne très rapidement. Nous ne pouvons pas permettre à l’Iran de franchir la ligne rouge ».

Et de poursuivre : «les mots ne suffiront pas à empêcher l'Iran, les sanctions ne suffiront pas à empêcher l'Iran, mais elle doit être accompagnée d’une menace claire et crédible si la diplomatie et les sanctions échouent ».

Sur le dossier syrien, Netanyahou a estimé que «  la Syrie risque d’évoluer en une crise grave aux proportions stratégiques inattendues », soulignant que « c’est pays très pauvre mais il a un programme d'armes chimiques et d'autres missiles anti-aériens. Or, au moment où s’effondre le régime syrien, le risque que ces armes tombent entre les mains de groupes terroristes est bien réel. Les groupes terroristes comme le Hezbollah et Al-Qaïda tentent de prendre ces armes ".

En ce qui concerne les négociations avec les Palestiniens, Netanyahou a déclaré qu' « Israël s'est retiré du Liban et nous nous sommes retirés de Gaza. Nous avons abandonné la terre et nous avons obtenu la terreur. Et donc nous ne pouvons pas permettre que cela se répète une troisième fois ».

Il a ajouté qu' « Israël est prêt pour un règlement significatif. Mais en tant que Premier ministre d’Israël, je ne renoncerai pas à notre sécurité. Nous devons travailler ensemble pour trouver une voie réaliste vers l'avant - étape par étape- pour réaliser une paix durable ».


Objectif de l’AIPAC en 2013 : qualifier Israël d’allié stratégique principal de Washington

Un mot sur les autres intervenants lors de cette conférence, tels Dennis Ross qui a  rejeté dans son discours la politique du dialogue étape par étape avec l'Iran, ou  Elliott Abrams qui  a estimé que « l'année 2013 sera une année cruciale  pour le dossier nucléaire iranien».

Enfin, le ministre de la guerre israélien,  Ehud Barak a suggéré «la construction d'un cadre sécuritaire régional avec les États-Unis pour faire face au nucléaire iranien et  relever les défis du  terrorisme islamiste radical et ceux de la sécurité frontalière ».

Cela dit, on ne peut pas nier que le timing de la conférence annuelle de l'AIPAC a joué à son désavantage, ne serai-ce que par l’entrée en vigueur cette semaine de la décision de soustraire  85 milliards de dollars du  budget fédéral américain pour cette année et dont la  moitié sera coupée du budget du Pentagone.

Or, parmi les objectifs de l’AIPAC pour cette année est que l’entité sioniste soit qualifiée d’allié stratégique majeur de Washington afin d’être épargnée  de toute réduction dans l'aide militaire américaine à son égard.

Pour ce faire, les militants à l'AIPAC ont pris des rendez-vous avec des membres du Congrès pour discuter des questions qui préoccupent   la communauté pro-israélienne.

De même,  il y a un projet de résolution présenté au Congrès, en collaboration avec l’AIPAC, qui appelle  l'administration d’Obama de soutenir Israël si elle décide de diriger une frappe militaire préventive contre les sites nucléaires iraniens, mais même si cela ne signifie pas une déclaration de guerre, pas question pour la Maison Blanche de se laisser entraîner dans une telle aventure.

Dans un article publié dans le Washington Post ,  intitulé  «  l'AIPAC a des problèmes » , la journaliste Jennifer Runin, une conservatrice, écrit qu’ « en raison de la baisse du soutien des démocrates pour Israël, certains dirigeants juifs sont à la recherche de futurs leaders. Mais leur attente risque d’être longue pour que de tels dirigeants atteignent une certaine maturité politique ».

Rubin a conclu l'article en disant que l'AIPAC est en difficulté parce qu' « elle doit traîter avec une administration en opposition  avec Israël, au moment où l'Etat juif fait face à une instabilité croissante dans la région et à une menace d'un Iran nucléaire. Une nouvelle génération de démocrates pourrait être plus favorable à  Israël, mais la question qui se pose que fera l’AIPAC au cours des dix prochaines années ? Même l'ambassadeur d'Israël à Washington Michael Oren, a évoqué la possibilité de l'isolement d'Israël au sein du parti démocrate, qui se diversifie de plus en plus démographiquement, appelant les délégués  de l'AIPAC à communiquer avec les «afro-américains, les latino-américains et les musulmans-américains ».